Porté en tête de la procession et répandu autour de l’autel, l’encens évoque tout d’abord l’idée de purification. Dans les pays chauds, on l’utilise volontiers pour chasser les mauvaises odeurs. L’Eglise, elle, lui reconnaît une vertu particulière pour chasser les démons. Avant de faire brûler l’encens sur l’autel le jour de la dédicace d’une église, le pontife le bénit en ces termes : Daignez bénir et sanctifier cet encens, votre créature, afin que toutes les langueurs, toutes les infirmités et toutes les traîtrises de l’ennemi, en sentant son parfum, s’enfuient et s’éloignent de l’homme, que vous avez créé et que vous avez racheté par le sang précieux de votre Fils, pour que jamais il ne soit blessé par la morsure du serpent. Dans ce but, on encense solennellement les cierges de la chandeleur, les cendres au début du carême, les rameaux et, à chaque messe solennelle, les offrandes.
L’encens symbolise en second lieu la prière qui monte vers Dieu, selon ce verset de psaume que le célébrant récite à l’encensement de l’offertoire : Que ma prière, Seigneur, s’élève comme l’encens devant votre face, comme mes mains levées pour l’offrande du soir (Ps. 140).
L’encens, enfin, est universellement considéré comme une marque d’adoration rendue à Dieu. Adoration qui est intimement liée à l’idée de sacrifice : offrir l’encens aux idoles, dans l’Antiquité, c’était sacrifier aux dieux ; et le mot latin thus, qui signifie encens, dérive du verbe grec thuo, sacrifier. A la messe, c’est ce sentiment d’adoration qui fait encenser la sainte hostie à l’élévation, la croix de l’autel, le livre des Evangiles, et le prêtre : sacerdos alter Christus. C’est pour cette même raison que l’on encense les reliques des saints, et même les fidèles, qui sont devenus par leur baptême membres du Christ. On voit ici qu’un même rite peut avoir une double signification : l’encensement des fidèles est aussi bien une purification qu’un honneur rendu au Christ présent en eux.
Aaron remplira alors un encensoir avec des charbons ardents pris sur l’autel, de devant Yahvé, et il prendra deux poignées d’encens fin aromatique. Il portera le tout derrière le voile et déposera l’encens sur le feu devant Yahvé ; et il recouvrira d’un nuage d’encens le propitiatoire qui est sur le témoignage…
Livre du Lévitique (16, 12-13)
Puis vint un autre ange, et il se tint près de l’autel, une pelle d’or à la main ; on lui donna beaucoup de parfums pour qu’il les offrît, avec les prières de tous les saints, sur l’autel d’or qui est devant le trône. Et, de la main de l’ange, la fumée des parfums s’éleva devant Dieu, avec la prière des saints. Puis l’ange saisit la pelle et l’emplit du feu de l’autel qu’il jeta sur la terre…
Livre de l’Apocalypse (8, 3-5)