Chers Amis,
Personne ne peut engager une bataille si auparavant il n’espère pas pleinement la victoire. Celui qui commence sans confiance a perdu d’avance la moitié de la bataille. Même si nous avons conscience de nos limites, il nous faut avancer sans nous tenir pour battu, et nous rappeler ce qu’a dit le Seigneur à saint Paul : « Ma grâce te suffit : car la puissance se déploie dans la faiblesse » (2 Co 12, 9).
Le triomphe chrétien est toujours une croix, mais une croix qui est en même temps un étendard de victoire.
Nous voilà partis en pèlerinage et nous aimons cet appel à devenir pèlerin, car cet appel à un sens. C’est le sens de la vie intérieure, de la vraie nature de la liberté, du sens du sacré et de la mission de la France. Il ne nous est pas toujours possible d’en saisir la portée, mais il nous semble y entendre des choses qu’on ne dit pas ailleurs.
« Nous sommes dans une époque d’un besoin effréné de jouissance et nous souffrons de l’avilissement général qui s’empare des âmes. Une véritable douleur nous assaille à la pensée que les français s’y accoutume. C’est pourquoi il nous faut sans cesse mettre à nue la gravité de ce mal, plus dangereux que les déchaînements de la barbarie parce qu’il menace les âmes de l’intérieur. Par dessus tout, il convient de nous prémunir contre cette inconscience qui incline à penser que le mal n’est pas si grave que ça et que les choses finiront bien par s’arranger toutes seules. »
Aussi pour commencer n’est-ce pas un moindre service que de rappeler à de jeunes Français ce que signifie l’appartenance à notre pays et à quelle fidélité cela doit conduire.
Le temps de ce pèlerinage nous dit que nous n’avons pas renoncé à notre culture, à notre histoire, à notre civilisation, à notre savoir vivre. Aujourd’hui notre culture française, notre vie en Christ, notre vie avec Marie notre Mère, Mère de notre France nous crient : « Tu n’existerais pas sans nous ; c’est nous qui t’avons donné ce que tu possèdes de plus précieux à l’intime de toi.”
Chers amis, il y eu « Tant de trésors d’imagination, de patience, d’énergie, de raison dépensés par la France au cours des siècles ! Ne saurons-nous point retrouver le secret de la fécondité française ? »
Il faut avoir sans orgueil la fierté de notre histoire, la fierté d’une France Chrétienne. Avec Dieu et pour Dieu, avec Marie et pour Marie nous voulons refaire une sensibilité française.
Rappelons-nous le mot d’André Charlier parlant aux jeunes de Maslacq, le lycée de notre fondateur don Gérard : « Les nations sont complémentaires, mais lorsque Dieu veut faire passer au monde quelque idée universelle, il la met dans une tête française. »
Avant de nous mettre en marche, renouvelons notre soif qu’arrive le Règne de Dieu. C’est la soif du Règne qui a provoqué les œuvres de charité, les écoles, les missions, les croisades ; et certains saints ont été envoyés de Dieu spécialement pour rappeler les droits souverains de Jésus-Christ sur les nations,
comme ce fut le cas pour sainte Jeanne d’Arc dont la mission tient tout entière dans ces quelques mots échangés avec le dauphin de France : « Le royaume n’est pas à vous, il appartient à Messire. – Et quel est votre Sire ? – C’est le Roi du Ciel, répondit-elle. Il vous l’a donné pour que vous l’ayez en commende.» C’est pourquoi elle n’eut de cesse qu’elle n’ait conduit le roi à Reims pour y être sacré. Il est remarquable que la mission de Jeanne ne se soit pas bornée à bouter les Anglais hors de France (un sursaut national exploité par quelque grand chef de guerre y aurait suffi). Dieu l’a suscitée pour restaurer un ordre politique menacé et le rendre d’une façon éclatante à sa véritable vocation. Or la vocation de l’ordre politique, c’est non pas d’instaurer le royaume de Dieu sur la terre, mais d’en tracer les avenues et de créer le climat où la foi et les vertus chrétiennes pourront s’épanouir librement. »
Avant de nous mettre en marche, il faut rappeler que « C’est le plus bel honneur qu’on puisse faire à la jeunesse de lui dire qu’elle est vouée à la pureté et à la grandeur. »
Notre grandeur de Chrétien c’est de témoigner de la Vérité, d’offrir le chemin qui conduit à la vie éternelle ; de transmettre la Vie de Dieu, car car Jésus est « le chemin, la vérité et la vie ».
La mission exige le goût du sacrifice, il exige avant tout de transmettre les paroles de Jésus. Si vous avez le feu en vous, vous transmettrez le feu, et selon la parole de notre Seigneur Jésus, vous serez ses témoins jusqu’au extrémité. Souvenons-nous que là où il y a du feu, il y a aussi une lumière.
Que devons-nous dire aux hommes ? Il suffit de dire simplement quelle est notre rencontre avec Jésus. C’est seulement grâce à cette rencontre avec l’amour de Dieu qui se convertit en heureuse amitié, c’est seulement lorsque que nous permettons à Dieu de nous conduire au-delà de nous-mêmes que nous pouvons marcher vers le bien. Et là se trouve la source de l’action évangélisatrice. Parce que, si quelqu’un a accueilli cet amour qui lui redonne le sens de la vie, comment peut-il retenir le désir de le communiquer aux autres ?
Très Sainte Vierge Marie, Notre-Dame de France, Notre-Dame de Chartres, notre Mère, nous vous demandons de nous donner l’élan missionnaire qui fera résonner la parole de votre Fils dans les cœurs. Apprenez-nous à redire les paroles de votre fils pour semer dans les âmes. Notre-Dame de la Sainte Espérance, nous vous demandons l’Esprit-Saint afin que nous disions chaque jour à celui qui ne connaît pas Dieu, les paroles que nous entendons le dimanche.
Très Sainte Vierge Marie, rendez à ce peuple de France sa vocation missionnaire, donnez-nous de nouveaux saint Jean-Baptiste qui osent crier dans le désert, donnez-nous encore des Saint-Louis Marie qui parlent de Jésus, qui parlent de Marie, qui parlent, oui, qui enfin se mettent à parler, et qui n’aient
pas peur de mourir en parlant de vous.