N’est-ce pas à l’opposé de la pauvreté évangélique ?

La réponse la mieux connue et la plus probante vient du Curé d’Ars. Pour lui, rien n’est trop beau pour le Bon Dieu qui se donne à nous dans la sainte messe et il aimait comparer la beauté de tout ce qui relève de la liturgie avec la modestie et la pauvreté du train de vie du fidèle et du prêtre. Une belle chasuble dorée va bien sur une soutane élimée et usée, disait-il. Péguy a de belles pages sur le luxe pour Dieu, comme on disait à Cluny sans rien de péjoratif.

 

Ce luxe est la seule richesse qui doit demeurer au pauvre. Le chrétien qui n’a pas moins de soucis que qui que ce soit, criblé de dettes et bourrelé de peines intérieures ne trouve soulagement qu’en franchissant le seuil de la Maison de Dieu. Le fils de Dieu qu’est le fidèle y est chez soi par la partie la plus noble qu’il sait avoir reçu de la grâce de Dieu. Les cathédrales médiévales ont toujours été l’heureuse contrepartie du fardeau porté par les pauvres. Isaïe a vu le ciel s’entrouvrir et a cru en mourir, tant la splendeur lui semblait dénoncer l’impureté de ses sentiments. Un séraphin vînt prendre un charbon qui brûlait sur l’autel et lui purifia les lèvres. Le chrétien a la même assurance que le prophète, il relève de la même sphère de beauté. La liturgie de l’apocalypse ouvre à tout venant cette splendeur de la liturgie céleste. la liturgie terrestre en est l’ébauche et elle nous donne la réalité de la présence divine dans les saints mystères auxquels nous communions.