Doit-on sentir à la messe de la chaleur humaine ? La messe n’est pas une simple réunion entre amis, elle est d’abord un culte rendu à Dieu. Chaque fidèle, comme on l’a déjà dit, est tourné vers le Seigneur et vers ce qu’Il accomplit par son ministre. Cependant il ne fait pas cette démarche tout seul. C’est comme membre d’une communauté chrétienne rassemblée pour la messe qu’il l’accomplit ; aussi, un des fruits de la messe est-il de renforcer cette communion entre les fidèles.

 


Et si l’on participe vraiment de tout cœur à la messe, la communion se manifestera extérieurement et de façon simple et spontanée, d’abord dans l’unanimité des chants et des réponses, puis dans la joie profonde qu’on en ressentira, enfin, de loin en loin par les multiples signes de la fécondité chrétienne qui se manifesteront au sortir de l’église, dans les familles, la société, à travers les rues de la ville. Les fruits du Saint Esprit au dire de l’Apôtre sont charité, joie et paix. La vie sociale s’en ressent en milieu chrétien, ou si, ce n’est pas la cas, la foi chrétienne risque fort d’être devenue tiède, de cette tiédeur dont saint Jean dans l’apocalypse nous dit que le Seigneur la vomit. Le passé chrétien est heureusement riche de réalisations sociales issues d’un esprit liturgique pleinement cohérent. Il y a les cathédrales et leur parvis, mais aussi bien d’autres signes dont le fidèle peut être fier et qui peut inspirer le courage joyeux de sa foi.

La liturgie n’est pas un show, un spectacle qui ait besoin de metteurs en scène géniaux, ni d’acteurs de talent. La liturgie ne vit pas de surprises sympathiques, de trouvailles captivantes mais de répétitions solennelles. Elle ne doit pas exprimer l’actualité et ce qu’elle a d’éphémère, mais le mystère du sacré.
Cardinal Joseph Ratzinger (préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi), Entretien sur la foi