A la messe, il ne s’agit pas de faire œuvre de création mais de suivre le Christ dans son sacrifice. La continuité des rites permet à chaque fidèle de savoir avec certitude que le sacrifice du Christ s’accomplit sous ses yeux, quel que soit le prêtre qui officie, quel que soit le pays dans lequel il se trouve. Le prêtre s’efface devant l’action du Christ lui-même. La messe n’est donc pas seulement une prière personnelle, elle est LA prière officielle de l’Eglise, instituée et voulue par Jésus-Christ lui-même. On comprend que ce trésor ne puisse être modifié au gré des modes. Chacune des prières de la messe est l’aboutissement de longs siècles de dévotion et de louange, façonnée avec prudence par la foi de l’Eglise. Chaque mot, chaque geste exprime, réalise ou symbolise des vérités sacrées. C’est véritablement l’Esprit saint qui a composé la messe. Les fidèles peuvent avoir leur part, soit d’une manière limitée par les chants, l’art sacré, la décoration, soit dans d’autres formes de prières plus libres en dehors des prières liturgiques de l’Eglise. Toute réunion non liturgique de chrétiens peut être l’occasion d’exprimer sa foi et sa joie sous des formes très diverses.
Il se rend coupable de falsification, celui qui, au nom de l’Eglise, célèbre le culte divin de manière opposée à celui qui est établi par l’Eglise en vertu de l’autorité divine qui est traditionnelle dans l’Eglise.
Saint Thomas d’Aquin, Somme théologique
C’est pourquoi absolument personne d’autre (que le siège apostolique et les évêques), même prêtre, ne peut de son propre chef enlever ou changer quoi que ce soit dans la liturgie.
Concile Vatican II, Sacrosanctum concilium
Dans la liturgie de l’Eglise qui s’est graduellement formée, il y a tout à fait place pour des forces d’organisation créatrices. On les trouve dans le domaine de l’organisation artistique, surtout musicale, mais aussi dans la réalisation concrète des services liturgiques et de la préparation adaptée à chaque circonstance de l’espace liturgique .
..
Cardinal Joseph Ratzinger (préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi), La célébration de la foi
La grande tradition culturelle de la foi renferme une immense forme d’actualisation. Ce qui, dans les musées, n’est peut-être qu’un témoignage du passé, considéré avec une nostalgique admiration, est rendu constamment présent dans la liturgie, dans sa fraîcheur intacte. Et la foi d’aujourd’hui n’est pas confinée au silence, loin de là. Un regard attentif discernera que même notre époque a donné naissance à d’importantes œuvres d’art inspirées par la foi, dans le domaine de la peinture aussi bien que dans celui de la musique (sans parler de la littérature. Aujourd’hui encore, la joie en Dieu et le contact de sa présence dans la liturgie représente une source puissante et inépuisable d’inspiration. Les artistes qui suivent cette voie n’ont nul besoin de se sentir à l’arrière-garde culturelle : la liberté creuse qu’ils laissent derrière eux lasse d’elle-même. L’humble soumission à ce qui nous précède dispense la vraie liberté et nous conduit aux véritables hauteurs de notre vocation d’homme.
Cardinal Joseph Ratzinger (préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi), L’esprit de la liturgie