Le latin qui est une langue fixée (et non une langue morte) est comme la langue maternelle de tous les fidèles de l’Eglise d’Occident. Il vaut mieux éviter de dire du latin qu’il est une langue sacrée comme l’entendaient les païens, c’est-à-dire une langue énigmatique, inaccessible par principe au profane. D’ailleurs, l’Eglise encourage les fidèles à connaître le latin liturgique, ne serait-ce que de façon rudimentaire : répondre au Dominus vobiscum ou à per omnia sæcula sæculorum ne demande pas des études très poussées. Le missel permet pour le reste de suivre avec la traduction l’ensemble des prières de la liturgie.
Par lui-même, le latin est d’abord un facteur d’unité :
unité dans la foi : les formules dogmatiques ont été fixées en latin, ce qui leur a évité tout glissement de sens. Une langue vulgaire au contraire, par son inévitable évolution, favoriserait au fil du temps le changement de la foi. On sait que certaines expressions, fixées au prix de mille difficultés, y compris au prix du sang des martyrs, se traduisent difficilement ; en le faisant on risquerait d’arriver à des faux sens ; ainsi consubstantialem Patri traduit par de même nature que le Père. Cette vague approximation équivaut dans l’esprit d’un grand nombre à une grave erreur ;
unité dans le temps, en nous reliant aux expressions de piété de l’Eglise primitive ;
unité dans l’espace, puisque des peuples de langues différentes peuvent s’unir dans la même louange.
Enfin, de par son rythme vocal, le chant grégorien, qui est le chant propre de l’Eglise, est lié, on l’a vu, à la langue latine. Faire disparaître entièrement le latin reviendrait à renoncer au grégorien.
L’Eglise, qui groupe en son sein toutes les nations, qui est destinée à vivre jusqu’à la consommation des siècles… a besoin de par sa nature même d’une langue universelle, définitivement fixée, qui ne soit pas une langue vulgaire.
Pie XI, Epist. ap. officiorum omnium
La langue de l’Eglise doit non seulement être universelle mais immuable. Si en effet les vérités de l’Eglise catholique étaient confiées à certaines ou à plusieurs des langues humaines changeantes dont aucune ne fait davantage autorité sur une autre, il résulterait d’une telle variété que le sens de ces vérités ne serait ni suffisamment clair ni suffisamment précis pour tout le monde.
Jean XXIII, Veterum sapientiae
L’usage de la langue latine, sauf droit particulier, sera conservé dans les rites latins… On veillera cependant à ce que les fidèles puissent dire ou chanter ensemble en langue latine aussi les parties de l’ordinaire de la messe qui leur reviennent.
Concile Vatican II, Sacrosanctum concilium